
@Marc Salmon
Née d'une lignée de sorcières comme les autres, je grandis à la lisière de grands ensembles, en banlieue parisienne.
Très tôt, au creux de montagnes auvergnates, je découvre la puissance des histoires. Plus tard, je rencontre l'anthropologie et les bibliothèques féministes.
Entre-temps, je voyage.
Et je lis.
Beaucoup ; partout.
Doctorat d'anthropologie en poche, j'enseigne un temps. Je poursuis mes réflexions sur l'histoire des luttes féministes.
Je multiplie contrats précaires et vacations.
Je cherche d'autres voies.
Je travaille pour des archives départementales. Je collecte des témoignages. Des histoires de femmes, de féministes.
Soucieuses de les faire entendre, avec une comédienne, nous créons Les bruissements du féminisme. Nous optons pour la lecture à voix haute. Ce qui importe : faire entendre ces paroles, telles qu'elles ont été prononcées – ou presque.
Au même moment, la Maison du conte propose un stage « contes et récits de vie ».
Je me demande ce qu'auront à partager une conteuse et une anthropologue.
Une infinité de choses.
La rencontre avec Clara Guenoun se fait bifurcation : je deviens conteuse.
Je me forme avec elle, puis d'autres.
Je poursuis l'exploration du travail vocal.
Scènes ouvertes, établissements scolaires, musées... J'expérimente, avec joie, mes premières racontées.
Accompagnée de Clara, j'écris mon premier spectacle, La promesse des traces.
Glaneuse, j'entremêle les contes que j'affectionne aux récits de vie que je collecte.
Je puise mon inspiration à de multiples sources : je cultive mon imaginaire en arpentant les musées ; je me nourris de recueils poétiques.
D'un lieu à l'autre, je colporte un répertoire peuplé de filles aux joues rouges, de garçons qui dansent, d'oiselles qui parlent, de femmes intrépides, d'hommes qui apprivoisent la mort et de vieillardes qui veillent.
Raconter est, pour moi, une manière d'être aux autres, avec les autres.
Je raconte pour suspendre le temps qui court et qui sait, peut-être vous surprendre.